Muni d’un enregistreur sonore et d’un appareil photo argentique, il parcourt les territoires à la rencontre de ses habitants, prend le temps de l’échange, accueille la parole et collecte des mémoires qui se racontent en dehors de toute actualité. De ces face-à-face émergent des thématiques qui deviennent matière à créer une œuvre sensible faite de récits mis en images dans laquelle l’écriture accompagne la photographie, non pas pour l’illustrer mais pour l’ouvrir et la prolonger...

« Je suis photographe et auteur, et ma pratique repose sur une relation de proximité, d’écoute et de confiance avec les personnes que je photographie. Chaque image est le fruit d’un lien tissé, souvent sur plusieurs rencontres ». Benjamin Rullier

Les « filles de Chantelle » : la trace des luttes

À l’occasion de cette résidence artistique à la Maison des Arts, Benjamin Rullier poursuivra un travail de recherche sur l’histoire industrielle de Saint-Herblain, et plus précisément sur les luttes sociales menées pendant plusieurs décennies par les ouvrières de l’usine Chantelle.

À travers ses écoutes attentives des personnes et de leurs vécus et notamment des anciennes ouvrières de l’usine, l’artiste produira une œuvre documentaire et sensible mêlant photographie et texte. Une œuvre dont le propos s’attachera aux traces laissées par cette expérience collective : dans les corps, les souvenirs, les gestes, les objets. Ce qui, peut-être, s’est transmis ou transformé, et ce qui résiste encore.
 

« Elles ont tenu bon, pendant des années. Entre 1968 et 1994, les ouvrières de l’usine de lingerie Chantelle, à Saint-Herblain, ont multiplié les actions pour faire entendre leur voix. Elles ont revendiqué de meilleures conditions de travail, des salaires décents, et, jusqu’au bout, elles ont lutté pour empêcher la fermeture de leur usine.

En fouillant l’histoire industrielle de la région, j’ai découvert ces ouvrières, leurs batailles, leur acharnement à défendre leur métier et leur dignité. Ce combat pourrait sembler lointain, mais il ne l’est pas. Beaucoup de ces femmes sont encore vivantes et à l’heure où les luttes sociales peinent à se faire entendre, leur histoire mérite selon moi d’être ravivée. » Benjamin Rullier

Et aujourd’hui ? Et au-delà de la lutte de ces femmes ? Une transmission ?

En allant à la rencontre de jeunes herblinois pour recueillir leurs paroles, leurs sensations, mais également leur rapport au monde, à l’engagement et à l’injustice, l’artiste prolongera l’histoire de la lutte des « filles de Chantelle » à travers une mise en dialogue des récits d’hier et d’aujourd’hui.

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